Dans Prelandra, le héros de Lewis est projeté dans un Eden savoureux et parfumé, où les fauves sont dociles et la beauté nue s'exhibe sans la moindre honte. Dans ce lieu paradisiaque, nous assisterons, comme il se doit, à un nouvelle Tentation, mais différente de celle de la Genèse. Convaincu que la "science populaire" est la véritable mythologie de notre temps, C. S. Lewis a décidé d'insuffler à cet univers nouveau, vonlontiers dé humanisé, un contenu spirituel et métaphysique. Et d'ouvrir ainsi, à une époque qui se sent à l'étroit pour avoir -croit-elle- tout vu et tout connu, une échappée pour l'imagination, un espace vierge que les grands poètes du passé ont trouvé qui dans l'Atlantide, qui dans l'Orient mystérieux, qui dans la légende arthurienne. 

Le retour sur terre, chez Lewis, ne signifie pas la fin du mythe et du merveilleux. Dans cette hideuse puissance, nous retrouvons notre héros, le Docteur Ransom, dans la banlieue d'une ville universitaire anglaise. L'environnement du héros, les rapports humains, les institutions, les travaux et les pensées baignent dans la lumière fantastique qui éclaire toute la trilogie. La grande menace, cette "hideuse puissance" évoquée par le titre, rend cet épisode aussi palpitant qu'un grand roman à suspense.